"Il n'y a pas de conclave." Le terme employé par François Bayrou lors de son discours de politique générale la semaine dernière irrite Sophie Binet qui a affirmé que la CGT ne participerait à aucun conclave sur le plateau de LCI. "Qui dit conclave dit secret, a affirmé la secrétaire générale de la CGT. Cette question des retraites intéresse les 20 millions de salariés français. La CGT lance une grande campagne d'information sur les retraites pour que ces discussions se fassent sous le regard des salariés et qu'ils puissent poser leurs questions."
"Nous participons à toutes les discussions pour porter la nécessité d'abroger cette réforme [...] Nous allons démontrer que l'abrogration de la réforme est financable."
La représentante syndicale a surtout donné une de ses lignes rouges alors que seul un compromis pourrait mettre d'accord patronat et syndicats: "Le Premier ministre a refusé de bloquer l'application de la réforme et nous allons donc discuter pendant que la réforme continue de s'appliquer [...] La CGT refusera de chuter à un âge de départ à 63 ans." Sophie Binet a d'ailleurs fait part de sa vigilance quant au cadrage des discussions: "Si on ouvre ces discussions en garantissant au patronat que s'il n'y a pas d'accord la réforme actuelle continue de s'appliquer, je ne vois pas comment on peut arriver à un accord."
Soumettre à cotisation l'intéressement, la participation ou l'épargne-retraite
Concernant le financement du grand âge, Sophie Binet estime qu'"il faut arrêter de penser que les retraités sont des favorisés", alors qu'a récemment émergé la piste d'une mise à contribution des retraités percevant une pension supérieure à 2.000 ou 2.500 euros. "On ferme la porte parce que les retraités bénéficient d'une retraite bien méritée", insiste-t-elle, proposant plutôt de soumettre à cotisation l'intéressement et la participation ou l'épargne-retraite qui est très peu fiscalisée, ce qui "crée des droits supplémentaires et permettrait d'élever le niveau des retraites" en bout de chaîne.
La secrétaire générale de la CGT est également revenue sur l'interview d'Eric Lombard dans Les Echos, regrettant qu'il n'ait pas clarifié sa position sur la question des 7 heures de travail gratuit des salariés.
"La deuxième chose très grave est que le ministre de l'Economie dit qu'on a besoin des dividendes dans notre société et qu'il ne faut pas les taxer plus, a-t-elle déploré, rappelant que les dividendes ont atteint un niveau record en 2024.
"C'est une insulte pour les salariés qui bossent dur et n'arrivent pas à boucler leurs fins de mois. Ils n'ont pas vu leurs salaires progresser depuis 2020 en euros courants."