« C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons le décès de la résistante, poète, écrivain, journaliste et correspondante de guerre Madeleine Riffaud », a indiqué, ce mercredi, l’éditeur Dupuis dans un communiqué. « Elle s’est éteinte ce matin, paisiblement dans son lit, entourée de ses proches », a-t-il ajouté.
« Une héroïne s’en est allée. Son legs : tout un siècle de combats », a salué pour sa part L’Humanité, pour qui elle couvrit les guerres d’Algérie et du Vietnam. « Elle était un personnage de roman, à l’existence tramée par la lutte, l’écriture, trois guerres et un amour », a souligné le quotidien.
« Pied de nez aux fascistes de tout poil »
Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a lui relevé que Madeleine Riffaud était décédée « au jour de l’élection de Trump. » « Comme un dernier pied de nez aux fascistes de tout poil, que tu auras combattus toute ta vie », a-t-il écrit sur X.
Madeleine Riffaud, grande résistante française, est décédée ce mercredi à l'âge de 100 ans. Née le 23 août 1924, à Arvillers dans la Somme, elle avait été arrêtée et torturée par la Gestapo. Après la Seconde Guerre mondiale, elle était devenue journaliste reporter sur des zones de conflits.
Une grande voix de la Résistance française s'est éteinte. Madeleine Riffaud est décédée ce mercredi, a annoncé son éditeur Dupuis, confirmant une information du quotidien L'Humanité pour lequel elle fut correspondante de guerre. Elle avait 100 ans. Née le 23 août 1924 à Arvillers, dans le Santerre, entre Amiens et Roye, elle s'est mobilisée très jeune sous l'occupation. Dans un documentaire des nuits de France Culture, diffusé en 1993, Madeleine Riffaud avait raconté l'origine de son engagement.
En 1941, d'abord exilée dans le Limousin, elle revient en Picardie avec ses grands-parents. "En arrivant à la gare d'Amiens, c'était la nuit et puis, il y avait plein de soldats allemands. Peut-être des braves types, je n'en sais rien moi, mais ils avaient un uniforme étranger et ils parlaient très fort", se souvenait-elle.
"J'ai dû enjamber ces soudards. C'était la première fois que j'ai pensé que je pouvais devenir résistante, parce qu'ils ont essayé de jouer avec moi, parce que j'avais une petite jupette, des cheveux sur les épaules, j'étais plutôt mignonne, racontait-elle. Et comme tous les soudards du monde, ils ont voulu jouer. Je ne dis pas qu'ils ont voulu faire plus, mais moi, j'ai eu peur. Il y en a un qui en a eu assez de jouer et il m'a mis un grand coup de pied au derrière. Et là, sous l'effet de la douleur, mais surtout de l'humiliation, j'ai pensé, ce n'est pas possible de l'admettre, en tout cas moi, petite, je ne l'ai pas admis." C'est à ce moment qu'elle décide de s'engager dans la Résistance, à seulement 16 ans.
Elle tue un soldat allemand
Arrivée plus tard à Paris, "sa première action de résistance consista, à la fin de l’année 1942, à tracer des inscriptions à la craie sur les murs de la rue de l’École-de-Médecine au Quartier latin", raconte le dictionnaire Maitron. En juillet 1944, Madeleine Riffaud part à bicyclette et, armée d’un revolver, elle tue un soldat allemand sur le pont de Solferino. Elle est arrêtée quelques instants après puis torturée par la Gestapo.
Correspondante de guerre
Après la Seconde Guerre mondiale, Madeleine Riffaud devient journaliste et couvrira dans sa carrière plusieurs conflits. Elle raconte par exemple les guerres de décolonisation, comme en Indochine.
Une bande dessinée en son honneur
Son histoire avait été racontée dans une bande dessinée publié en août 2021 par le dessinateur Dominique Bertail et le scénariste rémois, Jean-David Morvan "Madeleine résistante". Jean-David Morvan et Madeleine Riffaud avaient travaillé de concert durant 4 ans pour mener à bout ce travail de mémoire. Jean-David Morvan avait eu l'envie d'écrire sur la résistante après avoir visionné le documentaire de Pierre Hurel intitulé Résistantes. La bande dessinée avait reçu, en 2022, le prix Goscinny du meilleur scénario.prix Goscinny du meilleur scénario.
Cette héroïne de la résistance avait aussi été mise à l'honneur, en 2023 par une exposition au château de Malbrouck en Moselle, intitulée " Elle résiste, elles résistent".
Sur une planche de la bande dessinée exposée au château, Madeleine Riffaud est saisie par des soldats allemands durant l'occupation. © Radio France - Emma Dehoey