Chers camarades,
Comme vous le savez, nous vivons une période historique où les équilibres mondiaux se transforment très rapidement. Cette période historique apparaît avant tout marquée par les guerres et la violence, guerres entre états bien sûr, mais aussi par la montée en puissance des guerres sociales orchestrées contre le prolétariat. La disparition de l’URSS a permis aux forces les plus réactionnaires et antisociales de s’en donner à cœur joie (et nous le constatons particulièrement bien aujourd’hui en Europe), car ce pays jouait bien sûr un rôle d’équilibre des forces militaires, mais aussi contrebalançait les visées de la bourgeoisie à l’encontre des travailleurs du monde entier. L’URSS disparue, la bourgeoisie occidentale s’est crue les mains libres et, fidèle à l’essence même du capitalisme, s’est lancée dans une conquête tous azimuts de nouveaux marchés avec les méthodes violentes et agressives coutumières de l’Occident (c.-à-d. Amérique du Nord et Europe) : pillages des ressources, conquêtes militaires et mainmise sur les Etats et les peuples.
C’est dans cette optique que l’Occident et ses alliés ont décidé de s’attaquer à la Russie dans un premier temps, à la Chine dans un second temps, notamment en encerclant la Russie avec des pays adhérant à l’OTAN.
Ukraine et BRICS : L’Ukraine, pays corrompu et gangréné par les néo-nazis a joué le rôle de déclencheur dans cette stratégie occidentale d’’agression hégémonique. Sur le terrain, l’Occident est en train de perdre sa guerre contre la Russie. Notamment parce que Poutine a pris soin, avant même le déclenchement de la guerre, d’assurer ses arrières en établissant une alliance stratégique essentiellement économique et logistique avec la Chine. Face à cette situation, plutôt que d’ouvrir des négociations de paix, l’Occident répond par une exacerbation des menaces militaires. Alors que les économies occidentales (principalement celles de l’Europe qui ont supporté le coût de cette guerre pour le compte des USA) épuisent leurs peuples, l’économie russe est aujourd’hui en expansion.
Ce résultat est notamment dû à la mise en place par la Chine et la Russie des BRICS, alliance économique de différents pays (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie et Iran) dont la volonté affichée est de s’affranchir de l’hégémonie occidentale et de l’emprise du dollar et de jouer un rôle géopolitique majeur. Avec les BRICS, l’Occident apparaît aujourd’hui des plus en plus isolé.
Gaza : Dans sa stratégie d’expansion et de conservation de son hégémonie, la bourgeoisie occidentale a notamment favorisé partout où elle le pouvait ses alliés naturels, extrême droite et néo-nazis. C’est ce qu’elle fait aujourd’hui en Europe, et c’est ce qu’elle fait en Israël, dirigé par des fascistes religieux juifs qui perpétuent un génocide contre le peuple palestinien, sous prétexte de se défendre des fascistes musulmans du Hamas. Certes, la spoliation des terres palestiniennes au motif religieux du « Grand Israël » ne date pas d’aujourd’hui, mais le déclenchement de la guerre génocidaire à Gaza est en relation directe avec l’expansion des BRICS et la perte d’influence de l’Occident au Moyen-Orient. L’Occident avait besoin de reprendre la main dans cette région géostratégique, notamment après l’éloignement de pays arabes au profit des BRICS. Cet éloignement de pays arabes traditionnellement considérés comme des alliés fidèles de l’Occident est la conséquence des sanctions prises contre la Russie, avec le gel puis la spoliation des avoirs russes en dollars : les pays arabes producteurs de pétrole ont compris que ce que l’on faisait à la Russie, on pouvait le leur faire aussi du jour au lendemain, d’où la nécessité pour eux de reconsidérer leurs alliances. Dans la logique occidentale, Israël est une base avancée pour faire pression sur les pays du Moyen-Orient et il faut donc renforcer Israël quitte à faire disparaître le peuple palestinien.
Isolement de l’Occident : La stratégie agressive et coloniale de la bourgeoisie occidentale (agressions militaires, pillages et spoliation économique, mépris des peuples et des souverainetés nationales, etc.) conduit à un isolement politique et économique croissant de l’Occident dans le monde, la plupart des pays ayant pris leurs distances, d’autant que la stratégie déployée par la Chine et la Russie au travers des BRICS est inverse.
Nouvelle-Calédonie : La politique coloniale (ou néocoloniale, c’est pareil) de la bourgeoisie a conduit en France aux révoltes de Nouvelle-Calédonie. A la CGT nous soutenons évidemment la lutte du peuple kanak. Il faut aussi que nous ayons conscience qu’avec la perte d’influence de l’Occident et la montée en puissance des BRICS il y a fort à parier que les luttes anticoloniales vont se renforcer et se développer. Pour la France je pense évidemment aux DOM-TOM, où des luttes douloureuses ont déjà eu lieu et sont restées ancrées dans la mémoire collective. D’autant que c’est aussi dans les DOM-TOM que l’on trouve les taux de chômage les plus élevés, fruits de l’exploitation capitaliste.
Elections européennes : Les élections dans l’Union Européenne vont se dérouler dans un contexte d’appauvrissement généralisé des peuples et, nous l’avons vu, de montée en puissance des forces les plus réactionnaires et antisociales. A la CGT Cochin nous sommes opposés à cette UE libérale, conçue et organisée par la bourgeoisie comme une véritable machine de guerre contre les travailleurs. Pour nous il y a nécessité que la France quitte cette UE libérale. Néanmoins, ces élections vont avoir lieu et auront un impact sur les forces politiques en France, aussi participerons-nous au vote. Il est bien sûr hors de question de voter pour des formations politiques hostiles aux travailleurs et alliées de la bourgeoisie, donc ni l’extrême droite (Bardella), ni la droite ou le centre, ni les sociaux-démocrates (Glucksmann) anticommunistes et qui chaque fois qu’ils ont été au pouvoir ont trahi les travailleurs. Nous avons donc décidé, Aglawen [1] et moi [2], de soutenir la liste du seul candidat ancré dans le monde du travail, Léon Deffontaines.
Bernard Giusti
1 - Aglawen Vega, Secrétaire Générale CGT Cochin
2 -Bernard Giusti, ancien Secrétaire Général CGT Cochin