Alors que la grève sur le site Emmaüs la Halte Saint Jean, à Lille, dure, depuis le 1er juillet, que les grévistes sont victimes de traite d’êtres humains, que malgré les tentatives de dialogue initiées par la CGT pour mettre fin à ce conflit, la situation s’enlise, le préfet du Nord choisit de franchir une nouvelle étape dans la violence plutôt que d’ouvrir le dialogue.
Ce matin, très tôt, la police est en effet intervenue avec matraques et gaz lacrymogène dans les habitations des grévistes pour les déloger ; ce, en présence d’enfants. Le matériel syndical ainsi que la caisse de grève ont été emportés par la police !
L’Union départementale CGT 59, la Fédération des Organismes sociaux et la Confédération CGT condamnent fermement ce déchaînement de violence, tout aussi gratuit que contre-productif. Le préfet ferait mieux de consacrer son énergie à trouver les solutions pour mettre fin aux 3 mouvements de grève qui continuent dans les structures Emmaüs.
La direction d’Emmaüs France porte une très grande responsabilité dans cette situation et continue de s’éloigner des valeurs qui ont prévalu à la création de ce mouvement.
Nous exigeons la restitution immédiate du matériel syndical et de la caisse de grève, l’arrêt des violences et intimidations, le respect du droit de grève, la tenue urgente d’une table ronde, en présence du ministère de l’Intérieur, de la préfecture du Nord, de la direction d’Emmaüs France et des structures de la CGT concernées.
Montreuil, le 23 novembre 2023
La police est intervenue à la Halte Saint-Jean de Saint-André-lez-Lille (Nord), jeudi 23 novembre, pour troubles à l'ordre public. Les "grévistes" d'Emmaüs sont en cause. Détails.
Par Rédaction Lille Publié le
Il y a eu du remue-ménage, du côté de Saint-André-lez-Lille (Nord), jeudi 23 novembre. Dès 9h, les policiers sont intervenus à l’entrepôt de la Halte Saint-Jean (181, rue du Général Leclerc) pour régler « des troubles à l’ordre public », informe la préfecture. Ces nuisances, qui auraient gêné jusque le passage des voitures sur la route, sont imputées aux anciens travailleurs sans papiers d’Emmaüs de Saint-André.
Ils ont, ce jeudi, entamé leur 147e jour de grève. Que se passe-t-il, sur ce site ? Explications.
« Emmaüs y en a marre, l’esclavage c’est fini »
Ceux qui croisent la Halte Saint-Jean sur leur trajet n’ont pu que remarquer le stand avec une tonnelle rouge, des banderoles, des dessins, des fanions CGT, en place depuis début juillet. Sans oublier ce slogan provocateur : « Emmaüs y en a marre, l’esclavage c’est fini ». On n’aurait jamais pensé que le mot esclavage serait lié un jour à celui d’Emmaüs… Mais ce n’est pas l’avis de la vingtaine de personnes qui manifestent sans relâche, depuis des mois.
Qui sont-elles ? Des hommes et des femmes sans papiers, hébergés à la Halte Saint-Jean depuis des mois, voire des années. L’une d’eux, Happy, explique la situation : « La direction de Saint-André nous a promis une régularisation en échange d’un travail. Nous devions faire 40h par semaine, avec une rémunération de 150 € par mois, hébergement compris sur place. On paie les charges, chauffage et électricité. »
Un blocage à Saint-André, comme à Dunkerque
Il faut savoir que la loi autorise le versement d’une participation financière en contrepartie d' »activités solidaires ». La somme de 150 € n’est pas donnée dans toutes les communautés Emmaüs. À Grande-Synthe, à Dunkerque, c’est 350 euros par mois pour les compagnons sans papiers qui « travaillent » sur place. Cela n’a pas empêché le site de Dunkerque d’être lui aussi fermé, pour cause de blocage, pendant deux mois.
Quel travail les compagnons de Saint-André effectuent-ils ? « On fait du ménage, du rangement d’entrepôt, de la vente aux magasins de Saint-André et de Marquette, de la sécurité aussi… » Pour Happy, cela fait 5 ans qu’elle suit ce protocole avec espoir. Mais le temps passe et rien n’arrive.
Les compagnons « grévistes » (techniquement, leur statut ne leur permet pas de faire grève) ont déposé plainte contre la direction pour maltraitance et travail dissimulé. Ils sont soutenus par la CGT et le CSP59.
Anne-Sophie Hourdeaux
source https://actu.fr/hauts-de-france/saint-andre-lez-lille_59527/intervention-de-la-police-que-se-passe-t-il-au-emmaus-de-saint-andre-lez-lille_60373558.html