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CGT Cochin

blog de la CGT de l'Hôpital Cochin

27 mai 1941 : Grande grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais en pleine occupation nazie

Publié le 27 Mai 2024 par CGT Cochin in Histoire

27 mai 1941 : Grande grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais en pleine occupation nazie

Cette grève, impulsée par les militants communistes est massive : 100 000 mineurs sur les 143 000 recensés arrêtent le travail durant plus d'un mois.

Il s'agit du plus grand mouvement de grève dans l'Europe occupée et de l'un des premiers grands actes de résistance collective en France.

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27 mai 1941 : Grande grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais en pleine occupation nazie

Grève patriotique des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais en mai-juin 1941

La grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais de mai-juin 1941, appelée aussi grève patriotique des 100 000 mineurs du Nord-Pas-de-Calais1,2 fut la plus grande grève survenue dans l’Europe occupée1 ainsi que la plus longue, ayant duré du 27 mai au 10 juin 1941 dans le Nord-Pas-de-Calais et son bassin minier3.

C'est aussi l'un des premiers actes de résistance collective à l'occupation nazie en France, le plus spectaculaire4, et de loin le plus important de par le nombre de participants, devant les grèves patriotiques d'octobre 1942 en France. Les femmes et filles de mineurs y ont joué un rôle primordial, de même que les mineurs polonais, qui représentaient la majorité de la population dans de nombreuses communes de l'ouest du bassin minier5.

Le billet de 10 francs Mineur de 1941.

Le billet de 10 francs Mineur de 1941.

Selon les historiens, la machine de guerre allemande recherchait dans les mines de charbon « un rendement maximum » dans une « région d'importance vitale »6, mais la grève l'a privé d'électricité, alors d'origine charbonnière, via la perte d'un demi-million de journées de travail, 387 962 au fond et 85 281 au jour5 et d'un demi-million4 à un million et demi de tonnes de charbon7, l'obligeant à en importer massivement de Belgique. Elle a mobilisé jusqu’à 100 000 des 143 000 mineurs4, à son point culminant le 5 juin4, lendemain d'une marche de « près de 1 500 femmes qui se rendent aux grands bureaux »4 de Billy-Montigny. Le syndicat légal contrôlé par le régime de Pétain est, lui, resté passif7.

 

L'occupant nazi réagit par 400 à 600 arrestations et la déportation de 270 mineurs au camp de concentration de Sachsenhausen1, plus de la moitié y mourant4. Des dizaines d'autres grévistes doivent entrer dans la clandestinité, les mineurs de la région représentant la moitié des 270 fusillés par les Allemands à la citadelle d'Arras.

Avant et après le conflit auquel ont fortement contribué les Polonais, majoritaires au fond5, la grève du zèle, toutes sortes de sabotages et freins à la production « sous les prétextes les plus divers »5, font chuter la production régionale de charbon de 30 % en six ans5 alors que les Allemands espéraient l'accroître de 35 %. Pour y parer, ils acheminent dès l'été 1942 des milliers de prisonniers de guerre ukrainiens et soviétiques, installés dans des camps improvisés comme à Marles-les-Mines8.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_patriotique_des_cent_mille_mineurs_du_Nord-Pas-de-Calais_en_mai-juin_1941

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27 mai 1941 : Grande grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais en pleine occupation nazie

Le scandale de la grève oubliée des mineurs de mai-juin 1941

Au printemps 1941, les mineurs du Nord-Pas-de-Calais se mettent en grève. Un acte de résistance fondateur. Fruit d’une mobilisation animée par les communistes. Avec l’aide de la police française et des compagnies des mines, la Feldgendarmerie mène une répression féroce.

Photo : François Kollar/bibliothèque Forney/Roger-Viollet

Photo : François Kollar/bibliothèque Forney/Roger-Viollet

La France travaille, photographie de François Kollar représentant l’acheminement du charbon vers le triage aux mines de Lens (Pas-de-Calais), durant les années trente.

[...]

Le 27 mai 1941, au matin, le jeune militant syndicaliste et communiste Michel Brûlé fait stopper les compresseurs à la fosse du Dahomey de Montigny-en-Gohelle. Immédiatement, les marteaux-piqueurs s’arrêtent ; les abatteurs relèvent la tête… Puis des cris, l’Internationale, chantée au fond de la mine à gorge déployée, brise le silence. La grève vient de commencer ! Elle durera quinze jours et rassemblera de Bruay-sur-l’Escaut à Bruay-en-Artois, sur les 120 km du sillon minier, plus de 100 000 mineurs. Ce fut la plus importante grève dans l’Europe occupée.

En effet, depuis juin 1940, le nord de la France est occupé par la Wehrmacht. Le Nord-Pas-de-Calais et les Ardennes, devenus Zone interdite, sont directement administrés par les Allemands depuis Bruxelles (Oberfeldkommandantur), même si préfets, sous-préfets et administrations dépendant de Vichy demeurent présents. En juillet 1940, le directeur des mines de Lens est chargé par les Allemands de coordonner l’activité des différentes concessions et d’organiser le pillage du charbon extrait au profit de l’occupant.

En cet été 1940, le chômage est prégnant, la misère est importante, la classe ouvrière est fortement désorganisée après les vagues de répression de l’hiver 1938-1939, puis de septembre et octobre 1939, la mobilisation et l’évacuation devant l’avancée de la Wehrmacht n’ont fait qu’aggraver cette désorganisation. Pourtant, dans le bassin minier, des responsables syndicaux, des délégués mineurs et élus communistes déchus de leurs mandats demeurent sur le terrain. Ils deviendront les pivots d’une Résistance populaire qui, très vite, va naître.

En août 1940, Martha Desrumaux, dirigeante du PCF, réunit clandestinement plusieurs responsables communistes dans le Douaisis. L’objectif est clair : organiser la lutte des mineurs. En effet, le charbon était le pain de l’industrie. Malgré peurs et répressions, la corporation minière, forte de son expérience revendicative, pouvait être mobilisée. Ainsi, dès ce mois d’août, un cahier de revendications est rédigé, susceptible de remobiliser la corporation minière et les populations du bassin minier. Vingt mille exemplaires seront tirés clandestinement. Quinze mille parviendront dans les corons et les fosses. Le retour fin octobre 1940 du dirigeant Auguste Lecœur dans le Pas-de-Calais va accélérer la mobilisation.

Dès septembre 1940, des débrayages avaient eu lieu à la fosse du Dahomey après la mort d’un galibot ; le 11 Novembre est fêté dans le Douaisis. En janvier 1941, la compagnie de l’Escarpelle est en grève : les mineurs refusent l’allongement de la journée de travail sans augmentation de salaire. En février, des débrayages touchent les fosses autour de Lens. Le 1er mai 1941, drapeaux rouges et tricolores pavoisent terrils et chevalements ; faucilles, marteaux et croix de Lorraine ornent les murs… Le 27 mai 1941, c’est la grève ! 100 000 mineurs sur les 143 000 recensés arrêtent le travail.

Elle durera quinze jours. « Tout est calme », signalent les directeurs de compagnie. Refusant toute provocation, évitant d’occuper les carreaux et l’entrée des fosses, les mineurs restent dans les corons. Ce sont leurs femmes qui interpellent les « jaunes » à la sortie des cités pour les inciter à refuser le travail. Très vite, la grève est connue dans l’agglomération lilloise, où chaque matin des femmes venues des mines travaillent dans les filatures… Déjà le charbon manque et la production électrique est restreinte.

Le 4 juin, des centaines de femmes manifestent à Liévin, Sallaumines, Lens et Harnes. Police et gendarmeries françaises sont submergées. L’armée allemande doit intervenir. La répression commence. La Feldgendarmerie utilise des listes de « rouges » remises par les commissariats et les compagnies des mines. Plusieurs centaines de mineurs sont arrêtés et emprisonnés à Lille, Béthune, Douai et Valenciennes.

Le 13 juin, 273 mineurs sont déportés à la citadelle de Huy en Belgique. Le 23 juillet, 244 d’entre eux partent pour le sinistre camp de concentration de Sachsenhausen, le camp modèle des nazis. Cent trente-six mineurs n’en reviendront pas.

Cinq cent mille tonnes de charbon ne seront pas extraites durant cette grève. Après la répression, pour calmer les esprits, les autorités d’occupation décident une légère augmentation des salaires, des rations de viande et de savon supplémentaires ainsi que des vêtements de travail.

Mais cette grève du 27 mai au 9 juin 1941 témoigne de la capacité de la classe ouvrière et du peuple à refuser la violence de l’exploitation et la soumission à l’occupant.

https://www.humanite.fr/idees-debats-tribunes/histoire/le-scandale-de-la-greve-oubliee-des-mineurs-de-mai-juin-1941-608110

 

 

27 mai 1941 : Grande grève des mineurs du Nord-Pas-de-Calais en pleine occupation nazie
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