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CGT Cochin

blog de la CGT de l'Hôpital Cochin

1er mai 1891 : le massacre de Fourmies et l'églantine

Publié le 1 Mai 2023 par CGT Cochin in Histoire

1er mai 1891 : le massacre de Fourmies et l'églantine
1er mai 1891 : le massacre de Fourmies et l'églantine

FOURMIES , le 1er Mai 1891 .

La ville de Fourmies ( département du Nord ) a atteint son apogée industrielle et démographique à la fin du XIXe siècle . Elle compte alors 16 000 habitants , en majorité des ouvriers . En 1891 , à l'approche du 1er Mai , on craint des mouvements de grèves comme chaque année à la même date ( depuis qu'en 1886 les syndicats ouvriers américains ont décidé de faire de ce jour une journée de revendications ). Le 1er Mai , jour de travail ordinaire donc non chômé , est devenu un jour de manifestations ouvrières marqué traditionnellement par des grèves .
Dès le printemps 1891 , la journée du 1er Mai à Fourmies est préparée par des meetings auxquels participent des militants du Parti Ouvrier Français , tels Hippolyte CULINE et Paul LAFARGUE ( gendre de Karl MARX ). Les auditeurs se pressent nombreux à ces réunions publiques et les idées sont reprises par : "le 89 des Prolétaires" à Fourmies et le mouvement ouvrier "Les défenseurs du Droit" à Wignehies . On y dénonce les conditions de travail déplorables et on revendique la journée de 8 heures de travail.
Il était convenu dès le départ que cette fête internationale des travailleurs devait être une grande journée festive ! Selon le programme qui avait été établi par Culine , les ouvriers étaient invités à porter leurs revendications à la mairie de Fourmies, à 10h . Des festivités l'après-midi et un bal en soirée étaient également inscrits au programme . Le 1er Mai 1891 n’aurait jamais du se terminer dans un bain de sang...
Les Délégués ouvriers désignés en Assemblée générale des Travailleurs et réunis à Fourmies , au Café du Cygne , rue des Eliets , avaient retenu 8 revendications prioritaires :
1) La journée de huit heures
2) L'application de l'unification de l'heure pour la rentrée et sortie des fabriques et la même heure pour toutes, annoncée par la cloche locale
3) Création d'une Bourse du Travail
4) Révision générale des tarifs , suppression des règlements léonins , abrogation des amendes et des mal façons
5) Fixation de la paie tous les huit jours et l'obligation réciproque de prévenir 8 jours à l'avance en cas de cessation de travail
6) Suppression des octrois
7) Amélioration hygiénique à apporter dans certains ateliers en particulier à Fourmies et sa région .
😎 Création de Caisses de retraites pour les ouvriers.
Les patrons répliquent par une adresse très vive "contre les meneurs étrangers" et les "théories révolutionnaires". Affichée le 29 avril et signée par tous les entrepreneurs , sauf un , elle tente de dissuader les ouvriers de participer à la manifestation .
A la veille du 1er Mai , les patrons ont exprimé leur inquiétude au maire qui demande un renfort de troupes au sous-préfet d'Avesnes en prévision de la journée du 1er Mai .
Histoire de dissuader les ouvriers à se mettre en grève , le patronat menacera également de licenciement tous les ouvriers qui arrêteront le travail . Devant les risques de débordements , ils finiront par obtenir du préfet qu'il mobilise un important dispositif de maintien de l'ordre . En cette journée du 1er Mai , 2 compagnies d'infanterie seront donc mobilisées.
A 9 heures , la plupart des ouvriers de la ville sont en grève , et une seule filature reste en activité . Des ouvriers grévistes s'en approchent afin d'obliger "les jaunes" à cesser le travail . Après une échauffourée avec les gendarmes à cheval , quatre manifestants sont arrêtés .
Des renforts sont demandés à la sous-préfecture qui envoie deux compagnies du 145e de ligne casernée à Maubeuge . Le 84ème RI d'Avesnes est déjà sur place . Le premier slogan de la journée "c'est les huit heures qu'il nous faut " est alors devenu "c'est nos hommes qu'il nous faut ". Le reste de la journée se déroulent sans aucun incident majeur .
En début d'après-midi , le maire de Fourmies promet de relâcher à 17h00 les ouvriers qui avaient été arrêtés le matin .
Il est 18h15 , les 4 grévistes emprisonnés à la mairie n’ont toujours pas été libérés . Près de 200 manifestants arrivent alors sur la place de l’église et font face aux 300 soldats équipés du nouveau fusil Lebel qui contient 9 balles ( une dans le canon et huit en magasin ) de calibre 8 mm . Ces balles peuvent , quand la distance n'excède pas 100 mètres , traverser trois corps humains sans perdre d'efficacité .
Il est 18h20 , les cailloux volent , la foule pousse . Pour se libérer , le commandant Chapus fait tirer en l'air . Rien ne change . Il crie : " baïonnette ! En avant ! " Collés contre la foule , les trente soldats , pour exécuter l'ordre , doivent faire un pas en arrière . Ce geste est pris par les jeunes manifestants pour une première victoire . Kléber Giloteaux , leur porte drapeau s'avance alors ...
Il est presque 18h25 ... le commandant Chapus s'écrie : « Feu ! Feu ! Feu rapide ! Visez le porte-drapeau ! » . La troupe tire et pour la première fois utilise le fusil LEBEL . La fusillade va faire une trentaine de blessés et neuf morts parmi lesquels Maria BLONDEAU , jeune ouvrière de 18 ans tenant dans les mains un bouquet d’aubépine , Gustave Pestiaux , 14 ans et Emile CORNAILLE , enfant de 11 ans avec dans sa poche un petite toupie ...
 
En Hommage à :
Maria Blondeau , 18 ans
Louise Hublet , 20 ans
Ernestine Diot , 17 ans
Félicie Tonnelier , 16 ans
Kléber Giloteaux , 19 ans
Charles Leroy , 20 ans
Émile Ségaux , 30 ans
Gustave Pestiaux , 14 ans
Émile Cornaille , 11 ans
 
1er mai 1891 : le massacre de Fourmies et l'églantine
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